Annonce Indoor du Mail 2022

 « Tout est dans la concentration. C’est pour cela qu’il faut oublier le physique. On ne se préoccupe que de la visée. Le geste n’amène qu’à la visée. Tout doit se faire dans la continuité. Une fois qu’on a commencé à développer son énergie, on ne doit plus s’arrêter. Il faut toujours rester en contact avec le jaune du centre de la cible. Si on fait corps, c’est avec la flèche, mais on ne peut même pas dire ça, puisque c’est le regard et le mental qui suivent la flèche. En fait on se projette avec, sinon, même si le geste et la visée sont bons, on est sûr de faire un mauvais tir. On regarde le jaune on fait le geste, on lâche la flèche à la bonne visée, l’arc bascule dans la main car on ne le tient pas : en fait, c’est la tension qui le bloque dans la main. Quand la flèche est partie, l’arc ne sert plus à rien. L’archer n’est intéressé que par le jaune, il faut s’investir mentalement pour que la flèche aille dedans. Les entraîneurs s’aperçoivent au seul regard de l’archer s’il est concentré ou pas, s’il se projette ou pas. Un geste ne trompe pas, c’est quand on écarte l’arc au lieu de le laisser basculer. On le fait pour regarder le jaune, ça veut dire qu’un instant bref on l’a quitté des yeux, et on sait que ce ne sera pas une bonne flèche. Après avoir tiré, on est épuisé. On s’est très peu dépensé physiquement, mais on se sent las, comme le soir quand on va se coucher. » Ludovic Cotry, archer, Journal Libération, 1996